Pour Brigou... Saint-Nicolas
Saint-Nicolas, avec sa hotte
Va descendre un de ces matins,
Et s’arrêter devant les portes
Qu’il rencontrera en chemin.
Ah ! Petits enfants,
Soyez sages
À l école et à la maison
Car s’il entend
du tapage,
Adieu jouets, adieu bonbons ! (souvenir de mon école maternelle)
Brigou a souhaité un billet sur ce grand saint qui réapparait tous les ans, coiffé d’une mitre, une crosse à la main, une robe et des gants blancs, une longue barbe bouclée et un grand manteau rouge sur ses vieilles épaules…
Chaque soir, depuis la mi-novembre, nous plaçons nos chaussures au pied de l’escalier… Le matin, nous nous levons de plus en plus tôt pour découvrir la friandise déposée par Saint-Nicolas… C’est souvent une figurine en chocolat, une petite merveille délicieuse que l’on ne trouve pas dans l’épicerie du village… Quelques fois, il n’y a rien… ou bien une baguette oubliée par père Fouettard… Elle sert d’avertissement aux enfants désobéissants…
Parfois, en plein jour, une pluie de bonbons atterrit au milieu de la cuisine… On regarde vite par la fenêtre, mais on ne voit personne…
La veille du six décembre, la table est débarrassée plus vite que d’habitude, les jouets rangés… Nous y plaçons les assiettes avec notre nom… Près de la cheminée, nous déposons une belle carotte pour l’âne de Saint-Nicolas… la lettre pour le grand saint est prête depuis de nombreux jours… Sans rechigner, les pyjamas sont enfilés… ce soir-là au moins, nous sommes des enfants sages ! Une fois au lit, il est interdit de redescendre…
Pour se lever, il faut attendre la permission de papa et maman… tout le monde sait que si on surprend le grand saint, il reprend tout et ne revient pas…
Le matin, nous descendons tous ensemble, maman ouvre doucement la porte de la salle à manger, nous retenons notre souffle… Dans le noir, je distingue déjà quelque chose… puis la lampe enfin allumée nous dévoile tous les trésors… Les assiettes sont remplies de friandises, la table est recouverte de jeux… L’abondance nous émerveille…
Cette année-là, j’ai quatre ans… Mon frère a reçu un « mécano » en fer. A côté de l’étiquette de ma sœur, il y a un bel ours jaune à la fourrure toute douce… (Elle l’appellera Raymond). « Merci Saint-Nicolas ! » crient-ils. Moi, j’ai reçu une magnifique poupée mais je ne suis pas satisfaite, à cet instant précis, je m’en rends compte, j’aurais voulu aussi un ours…
« Je vais téléphoner au magasin » dit maman, « peut-être que Saint-Nicolas en a laissé avant de remonter au ciel… »
L’après-midi, un monsieur est venu à la maison avec une grande caisse (aussi haute que moi), remplie de nounours… il m’a laissé choisir… J’ai pris le plus petit (et le plus moche aussi, parait-il...), un brun avec des poils ras, parce qu’il me regardait d’un air suppliant… je l’ai appelé Gérard… et je l’ai toujours…