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Le blog de tilleul
16 novembre 2008

Souvenirs d'enfance II

15 novembre fête du roi…

Notre premier ministre Yves Leterme  dit que nous avons un bon roi… (vu sa fonction, il n’aurait pas pu dire autrement…) C’est que, la monarchie a de moins en moins de pouvoir…

Dans tous les coins de la Belgique,… euh de la Wallonie…, peut-être rien qu’en Ardennes…, des drapeaux belges aux trois couleurs nationales sont exhibés… et dans les églises le « Te deum » est chanté suivi de la Brabançonne… avec son « invincible unité »… Qu’est-ce que ça signifie encore aujourd’hui ?

Je me souviens surtout du 11 novembre. La guerre était finie depuis une dizaine d’années. A l’école, nous avions appris un chant « Martyrs morts au champ d’honneur, au ciel rangez-les Seigneur, donnez à leur âme immortelle, le repos éternel. Dans la nuit, bannissant l’effroi, a bondi le soldat du roi, qu’appelait la patrie… » Toute petite (3-4 ans ?) Je ne comprenais absolument pas ces paroles d’un autre siècle… Enfants d’un ancien prisonnier de guerre (papa est resté cinq ans en « captivité » à la frontière polonaise, dans le stalag 17B (avec une majorité de soldats français) puis dans une ferme en Autriche), nous étions rassemblés au pied du monument du souvenir. Nous étions fières ma sœur et moi d’être placées au premier rang… Aux premières notes de la Brabançonne, nous nous tenions immobiles, raides comme des piquets… Mon frère avait l’honneur de déclamer une poésie… pratiquement tout le village était là, pourtant, un grand silence régnait…

Pour moi, la guerre datait de la préhistoire… Or, dans le grenier de la maison, maman continuait à stocker des kilos de sucre, de café, de farine… Les pulls devenus trop petits étaient détricotés, la laine lavée prête à resservir une deuxième fois. Maman cousait aussi beaucoup… mais les tissus étaient rares… Un manteau ou une robe à elle, étaient transformés en jupes pour ma sœur et moi. On ne jetait rien… pas même une petite croute de pain. Papa nous disait « vous ne savez pas ce que c’est d’avoir faim ! On ne gaspille pas la nourriture ! »

Mes deux grands-mères sont mortes en 1941. La maman de papa n’a pas supporté de rester sans nouvelles de ses cinq fils (seul l’ainé et le cadet n’ont pas été prisonniers…) et ma grand-mère maternelle n’a pas survécu à la mort de son fils de dix-huit ans, de son petit-fils de quatre ans et d’un neveu de vingt ans (mort au champ d’honneur)… Elles avaient 61 et 59 ans. Je ne les ai pas connues !

Maintenant, la Brabançonne m’émeut toujours… Jouée aux enterrements de mes oncles… et de papa, elle résonne en moi comme un requiem…

Depuis longtemps, les néerlandophones n’en connaissent plus les paroles… ils ont appris l’hymne des Flandres… Alors pourquoi encore chanter ces mots qui ne veulent plus rien dire ?

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Commentaires
T
Pivoine, c'est vrai on ne peut malheureusement pas dire que les guerres, c'est du passé...<br /> Pour la Brabançonne, je connaissais le nom du compositeur, mais j'ignorais qu'il était franc-maçon.
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P
Je pense (mais sait-on jamais!) que pour l'Europe, c'est le passé. Pas de guerre depuis 45 ! C'est exceptionnel dans notre histoire: nous n'avons jamais connu ça en Europe. Malheureusement, les "lieux" de guerre et les lieux à enjeux se sont déplacés, ce qui fait que d'autres populations démunies souffrent. Il suffit de voir le Congo, la bande de Gaza, l'Irak, ce qui attend l'Afghanistan, je ne parle pas pour les talibans, pour lesquels je n'ai évidemment aucune sympathie, mais la population civile innocente, les femmes, déjà si mal loties dans les pays musulmans. Et les enfants...
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P
Tilleul, sais-tu que la Brabançonne... Est l'oeuvre de François VAN CAMPENHOUT, qui était... franc-maçon ? (Mais du diable si je sais de quelle obédience! Probablement le Grand Orient ou la Grande Loge de Belgique...)
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T
Merci pour ton message Lorraine et bienvenue!<br /> La guerre, une école de vie? Oui, sans doute... l'entraide, le partage, la fraternité...
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L
Ces mots ont un sens pour toi et pour moi (je suis à peu près de la même génération) et pour tous ceux qui, comme nous, on appris à l'école des chants patriotiques et ont eu dans leur famille des déportés, des tués, des blessés. J'ai connu la guerre. J'ai eu faim. J'ai eu froid, terriblement froid. Mais comme beaucoup j'ai appris à "supporter". C'est finalement une école de vie, la guerre...<br /> Amitié, Tilleul.
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