J'ai vu Quasimodo
L’ambiance est étrange, la nuit dans un hôpital… Mes deux chéris dorment paisiblement… (Depuis ce matin, ils sont à nouveau dans le même lit… les virus sont partis… RSV chez petit-lui et Adénovirus chez Petite-elle)
Il est trois heures. Les biberons sont donnés, l’aérosol terminé, les antibiotiques s’écoulent goutte à goutte dans la perfusion et l’appareil de mesure indique en clignotant tous les chiffres qu’il enregistre… respiration, oxygénation, battements du cœur…
(Depuis hier soir, ils sont débarrassés du tuyau d’oxygène qui était collé sous leur petit nez… Ce matin, l’infirmière a enlevé le cathéter de la petite qui n’a plus besoin d’antibiotiques… Un petit rectangle blanc sans cheveux montre l’endroit où il était collé… Petit-lui reçoit la dernière « dose » demain, mais lui, c’est sur la main gauche que la perfusion était placée…)
« Essayez de vous reposer » ! me dit l’infirmière, « je suis là » ! Comment pouvoir dormir dans un hôpital ? Un bébé pleure dans une chambre voisine, l’alarme du monitoring de mes deux petits klaxonnent à chaque changement du rythme cardiaque… je ne m’y habitue pas, je sursaute et angoisse à chaque fois…
(Lundi, ils seront libérés de tous ces fils… normalement, ils rentrent à la maison…)
Il pleut. Les gouttes font beaucoup de bruit en tombant sur le toit plat à côté de la fenêtre… J’ai envie d’aller prendre l’air. La porte du côté des « urgences » reste ouverte jour et nuit… J’enfile mon manteau et je me retrouve dehors sur un parking désert… Un bruit de pas m’intrigue… Un homme marche péniblement en trainant un pied… Il n’a qu’un bras et son visage est laid. La bouche déformée et un seul œil, mal rasé, sale, repoussant… Il s’avance vers moi, j’ai envie de me sauver mais je me dis que le pauvre pourrait se sentir blessé d’une telle réaction de ma part, alors, l’air de rien, je me rapproche doucement de la porte… J’entends son pas hésitant juste derrière moi… « Bonsoir » me dit-il en me dépassant, puis il entre dans la salle d’attente et va se coucher sur les fauteuils, à côté d’un autre clochard qui y était déjà…