Un petit miracle
Il y a 34 ans, à 17h…
Je vous raconte… Le 22 décembre (c’était un dimanche), j’allais vite faire une petite course… et mon chien Saxo, courait devant la voiture, je ne l’ai pas vu, j’ai roulé dessus… mort sur le coup ! J’étais enceinte de cinq mois et une semaine… La nuit, réveillée par une hémorragie, me voilà embarquée à l’hôpital… Obligation de rester allongée, sans bouger… Le 31 décembre, on me permet de rentrer (avec un lit dans le salon que je ne peux pas quitter), pour « réveillonner » avec la famille (chez mes parents qui habitaient à deux cents mètres du centre hospitalier…)
Le 2 janvier, je réintégrais la chambre, allongée sur une civière… C’était très comique ! Mon mari et maman suivaient les infirmiers avec une tête d’enterrement. Il parait que je ressemblais à une morte. Les gens que l’on croisait dans les couloirs me regardaient avec l’ air de dire « la pauvre, si jeune et la voilà en train de mourir… » et moi, qui me sentais très bien, je leur faisais un petit clin d’œil…
Le samedi matin, le 4, je riais moins… Je ressentais des douleurs terribles dans l’abdomen… Aux infirmières qui passaient, je disais « je suis en train d’accoucher ». Leur réponse « mais non, ce n’est pas possible, avec le médicament de la perfusion. Si vous avez mal, ça vient de la vessie… »
A 17h, persuadée de souffrir d’une infection urinaire, je sens « quelque chose » qui s’éjecte hors de moi… Je soulève le drap et je vois en effet un petit ballon dans mon lit… A la dame qui apportait le plateau repas, je dis « j’ai perdu ma vessie ! » J’entends une course dans le couloir, et l’infirmière accoucheuse arrive. Elle incise la « boule » et en sort un tout petit bébé qu’elle dépose au pied du lit en disant à mon mari « inutile de déclarer la naissance à la commune, c’est une fausse couche puisque c’est avant six mois… » Et moi je regarde ce petit bout… Il lève son bras et se frotte l’œil droit puis commence à crier… L’infirmière sursaute, l’enveloppe dans une couverture et le conduit en pédiatrie… Il pesait huit-cents grammes, il mesurait vingt-cinq centimètres… On le nourrissait avec un compte-gouttes… Il est resté en couveuse jusqu’en avril (date prévue de sa naissance) et est enfin venu à la maison le 13 mai…
J’ai toujours su qu’il vivrait ! Je remontais le moral des amis qui venaient me voir et essayaient de me prévenir de l’issue fatale…
Les infirmières les plus âgées s’en souviennent encore… Dernièrement l’une d’entre elles m’a dit « Ah ! C’est vous qui aviez accouché de votre vessie ?... »
Il est maintenant papa, mon deuxième fils (le miraculé comme on disait à l’époque), et aujourd’hui, nous avons fêté son anniversaire…