Un pique nique
Dans mon village d’enfance, personne n’avait de pelouse… L’herbe était mangée par le bétail ou bien fauchée pour faire du foin. Tondre l’herbe et la jeter… quel gaspillage ! Mes parents avaient un grand potager… Nous n’avions pas de meubles de jardin, seul un banc devant la maison accueillait chaque soir de bon temps, l’un ou l’autre voisin qui venait s’assoir un moment pendant que nous jouions à cache-cache dans la pénombre de la nuit naissante. Nous avions des lapins qui passaient la journée dans une cage sans fond que l’on déplaçait chaque fois qu’il n’y avait plus rien à manger… Les barbecues n’existaient pas… De temps en temps, nous emportions un panier rempli de tartines et un bidon enveloppé dans un vieux pull et du papier journal pour tenir le café au chaud. La bouteille de limonade fabriquée par maman était plongée dans le ruisseau ou enterrée au pied d’un arbre pour lui assurer un minimum de fraicheur… Parfois, papa allumait un feu et nous grillions un morceau de lard piqué sur une baguette… Tout le monde s’installait sur une couverture ou sur un tronc d’arbre abattu… et chacun mangeait de bon appétit. Pendant que papa et maman sciaient le bois avec une grande scie à deux manches, agenouillés chacun de part et d’autre du tronc couché, nous cueillions des myrtilles et demandions sans arrêt « Quand est-ce qu’on mange ? »
Aujourd’hui, j’ai tondu… de onze heures à seize heures trente (après, j’ai gardé les bébés) et je n’ai pas eu fini… Pourvu qu’il fasse bon demain !